Factorio screen

Factorio

Est-ce que tu connais ce jeu, Factorio ?

C’est dur de parler d’un jeu qu’on aime. Surtout quand au fond de ses tripes il aura réveillé de nouvelles sensations, de nouveaux désirs. Un peu comme admettre un nouveau fetish ou que l’on aime les choux de Bruxelles. Ça fait tâche. C’est honteux. Et Factorio c’est un peu ça. Un fetish que peu de gens comprendront.

Factorio définit un nouveau genre. Si je vous parle de simulation, de stratégie, de FPS, vous comprenez. Et si je vous parle de Theme Hospital où vous devez gérer un hôpital, vous hésiterez à le mettre dans la case « stratégie ». Vous aimeriez le classifier dans « gestion » peut-être ? Mais le mot gestion ne rime pas du tout avec la notion de « fun ». Pourtant dans Theme Hospital, on s’amuse : on gère les embauches, les maladies loufoques, on se surprend a aimer torturer les patients avec des traitements expérimentaux… L’aspect contradictoire de cette terminologie fait que l’on a du mal à ranger Factorio dans une petite case.

Minecraft a (re)défini un genre, d’exploration-aventure-rpg-procédural-legoesque un peu fourre-tout. Pokémon un RGP-collectionniste-combats-d’animaux-qui-n’ont-rien-demandé. Factorio mélange les codes d’un tower défense, d’un jeu de stratégie, et … d’une nouvelle classification que je nommerai « d’automatisation ».

automatisation

nom féminin – (de automatiser)

Fait d’automatiser l’exécution d’une tâche, d’une suite d’opérations, etc.
Exécution totale ou partielle de tâches techniques par des machines fonctionnant sans intervention humaine.

Synonyme : rationalisation

Vous vous souvenez de Roger ? Oui, le mec de la compta qui s’éclate a faire des macros sous Excel. Lui là oui, le gros chelou. Bah Roger son boulot c’est faire A, puis B, puis C. Comme il en avait marre au lieu de brandir ses petits poings vers le ciel il a pris ses 10 doigts boudinés et en se donnant un peu de mal, il a réussi a transformer A puis B puis C en ABC, en une seule action. Oui, faire son script lui a demandé du temps, des neurones… mais ça lui fait maintenant gagner un temps de malade. Et comme Roger a une vie de merde ça lui met du baume au coeur. Factorio, c’est du baume au coeur.

Factorio multiplayer with Raidentiger
Le but ultime : se barrer de cette planète.

Si vous regardez un screenshot, vous prendrez peur. Un peu comme quand vous verrez ce nouveau fetish super weird qui vous arrachera un mélange de rire gêné, de dégout et de surprise. Un peu comme vous avez appris que Nicolas Sarkozy voulait revenir pour les prochaines présidentielles. Aussi je vais vous conter votre pas si hypothétique parcours que vous aurez en donnant quelques heures de votre vie à ce jeu.

Votre personnage est anecdotique. Il ne ressemble a rien, n’a pas de nom, pas forcément d’objectif à part vite fait « quitter la planète » (ce qui est faux, le jeu est encore en développement actif et à défaut de partir dans l’espace il faut au moins envoyer des satellites en orbite). Comme Roger vous allez commencer a miner du fer, du charbon, du cuivre… comme du Minecraft, finalement. Sauf que vous allez vite vous fatiguer (comme tous les youtubers qui ont débuté leur carrière sur ce jeu). Tout miner à la mano demanderait une vie entière pour récupérer assez de matière pour construire une fusée. Non, vous respirez comme Roger, vous pensez comme Roger, vous devenez Roger… et vous construisez votre premier extracteur à charbon. Puis à fer et à cuivre. Puis vous relierez le tout avec des bras robots et des tapis roulants et ces métaux bruts fileront droit vers vos fourneaux qui les transformeront en plaques rutilantes. Prêtes à être renvoyées vers votre prochaine usine qui s’occupe de transformer vos plaques de cuivres en fils conducteur et qui assemblera le tout en cartes graphiques. Bravo, vous ne minez plus à la main, vous ne soudez plus vos cartes à la main, tout se crée automatiquement sous vos yeux parce que vous y avez investi du temps. Le roger qui est en vous verse une petite larme.

Mais ça, c’était avant que la pollution générée par vos usines n’attire les premières créatures du coin comme un Chablis attire un Depardieu.

Vous hurlez, votre pistolet arrive difficilement à les occire, et vous réalisez que votre projet de devenir le prochain Elon Musk va vous demander plus que de suivre le chemin de Roger. Il va falloir que l’élève dépasse le maître, que vos tourelles automatiques placées judicieusement dans des goulots d’étranglement soient alimentées automatiquement en cartouches améliorées, et que les plans de vos prochaines méga usines intègrent des protections à base de murs de béton à faire pâlir d’envie un Trump trop bas dans ses sondages.

Vous commencerez alors à subir comme beaucoup d’entre nous la « spaghettite », ou la terrible maladie qui consiste à se rendre compte que toute son usine est mal fichue, que des tapis roulants donnent à des cul-de-sac, et que d’une manière générale le Elon Musk qui est en vous a surtout donné naissance à un monstre (et je ne parle pas de l’esthétique des camions Tesla). Soit vous abandonnerez… soit vous aurez l’envie de relancer une partie et de faire « mieux ». De voir comment se débrouillent les autres joueurs, de comprendre comment acheminer le plus efficacement possible les ressources afin de produire toujours plus, toujours plus vite, en se fatiguant le moins possible.

Mes premières usines étaient devenues obsolètes et laissées à l’abandon, donnant un petit air de ville fantôme aux vestiges de mes premières heures de jeu.

Vous découvrirez les joies du train, de réaliser l’aiguillage d’un système ferroviaire complexe dont vous serez victimes au moins une fois en oubliant que putain oui j’ai oublié que je me tenais sur des rails alors que je pensais à comment déplacer ce poteau électrique et je me suis mangé mon train rempli d’acier à toute blinde. Mais bon, ça m’a donné un achievement alors yay.

La gestion des flux de ressources fait l’objet de nombreux posts sur Reddit.

Votre esprit va hurler en découvrant comment vous devrez gérer vos raffineries de pétrole et les produits dérivés que vous devrez pondre. La mécanique de gestion des fluides rajoute une couche de complexité à part entière et sortir vos premières barres de plastique vous arrachera un soupir de satisfaction. Mais votre plus gros moment de blanc sera quand vous aurez débloqué les drones et que vous commencerez à réaliser leur potentiel. Que chaque coffre posé dans une zone couverte par vos drones vous permettra de déplacer des ressources sans avoir besoin de tapis roulants, ces objets archaïques que vous vous trimballez depuis des heures maintenant et que vous haïssez maintenant. Et vous comprendrez que vous pouvez désormais copier et coller vos usines, pour les étendre, les dupliquer, augmenter votre capacité de production, … ou juste pour déplacer d’une case ce putain de poteau pour que ça fasse plus joli.

Ce qui est beau est bon.

À ce stade vous devriez avoir saisi les principes ludiques qui animent Factorio. Il y a beaucoup de similitudes avec le monde du développement informatique, où vous créez quelque chose qui fonctionne, les mettez bout à bout, repassez parfois sur le premier code que vous avez écrit afin de l’améliorer, réparez le bout de la chaîne qui maintenant ne fonctionne plus… ce n’est pas pour rien que l’on appelle cela du refactoring. Et que votre satisfaction sera de voir tourner cette immense usine comme une horloge Suisse, afin de voir s’élancer dans les cieux votre première fusée.

Et d’obtenir un message confirmant que vous n’avez pas gagné parce que vous avez oublié de mettre un satellite dans ladite fusée, blaireau que vous êtes.

Il est dur de motiver des personnes à tester ce jeu. D’aspect graphique plutôt aride (certains diront moche), avec aucune solde (prix fixe de 20€ ma gueule), un gameplay qui aura plutôt tendance a lever les sourcils que les érections, le frein est réel. Et c’est pour cette raison qu’une version démo (eh oui, what year is it hein ?) est disponible sur leur site. D’ailleurs n’ayez pas peur qu’il ne tourne pas chez vous : a part avec des méga factory vous serez capables d’apprécier ce jeu partout. Et n’ayez pas peur de la rejouabilité : il n’est pas rare d’avoir des usines avec des dizaines d’heures au compteur, centaine d’heure parfois, vous pouvez y jouer en multi joueur, et un système de gestion de mods rajoute une durée de vie incroyable (oui, il est possible de faire rendre tout encore plus complexe jusqu’à en vomir, cf ma série LVL3 sur youtube).

Testez-le. Deuxième jeu auquel j’ai le plus joué (avec seulement 400 heures), il a déclenché chez moi un attrait certain pour l’optimisation, l’automation, le sens du détail (oui et ma tendance à organiser tout sur mon bureau au millimètre près). Jouez-y. Mangez-en. Vos neurones vous remercieront (mais pas vos heures de sommeil).

Qui sait, peut-être que vous venez de découvrir un nouveau fetish ?

10
Un must-have
Que serait le paysage vidéoludique sans Mario, Half-Life, Tetris ou Minecraft ? Factorio pose les jalons d'un nouveau genre et le fait bien. Donnez-lui sa chance, devenez comme Roger.
Points forts
Super valeur temps passé / prix
Gameplay atypique et prenant
Super optimisé
Des centaines de mods
Points faibles
Un poil moche, mais c'est vraiment pour lui trouver un défaut.
  1. Salut, je te suis sur YouTube depuis le LVL1, c’est avec tes vidéos que j’ai débuté le jeu. L’article est excellent, continues j’adore !

    PS : Par contre les cartes graphiques, tu as toujours du mal 😉

    1. Merci ! Ah et je viens de capter avec cartes graphiques, ouais bah ca RESSEMBLE a des CG hein, c’est de LEUR faute ! #assumepas :p

  2. Ah, je redecouvre ton site.
    Moi aussi, j’ai découvert Factorio grâce à tes vidéos du level 1. Directement acheté et directement mis dans le bain spaghetti party !
    Puis, il y a eu le level 3 et ce suspense, que s’est-il passé après l’épisode 14, les splitters ont-ils envahi ta base ou le mod Angel a-t-il eu raison de ta mentalité ?!

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